Crédit: Ferdinand Mbonihankuye.

Gitega : La canne à sucre, source de revenus pour les femmes et les enfants pendant les vacances

Dans les rues animées de Gitega, la deuxième plus grande ville du Burundi, un spectacle attire l’attention des passants : des femmes et des enfants, souvent vêtus de couleurs vives, vendent des cannes à sucre le long des trottoirs et aux abords des marchés. Ce commerce informel est une scène commune dans cette région, où la canne à sucre est non seulement une source de revenus pour de nombreuses familles, mais aussi une tradition bien ancrée dans la culture locale alors que la Sosumo produit chaque année une quantité de sucre qui oscille autour de 20 000 mille tonnes en provenance de la canne à sucre.

Parmi ces vendeurs de cannes à sucre, on trouve Anitha Ndereyimana, une mère de trois enfants. Pour elle, vendre des cannes à sucre est bien plus qu’une simple activité commerciale. C’est une question de survie. « Je vends des cannes à sucre, épluchées ou non, depuis près de dix ans maintenant », explique Mme Anitha. « C’est mon seul moyen de subvenir aux besoins de ma famille. Chaque jour, je parcours les rues de Gitega pour vendre mes produits et gagner un peu d’argent pour acheter de la nourriture, payer le loyer de la maison et les frais de scolarité de mes enfants. »

Anitha  Ndereyimana n’est pas la seule à dépendre de la vente de cannes à sucre pour sa subsistance. Aline Kwizera, élève au Lycée technique de Kwibuka, partage cette vision et aide également sa famille en vendant des cannes à sucre après l’école. « Vendre des cannes à sucre pendant mon temps libre m’aide à gagner un peu d’argent de poche », dit-elle. « Je suis consciente que l’éducation est importante, mais ma famille a du mal à joindre les deux bouts », confie Aline. « Vendre des cannes à sucre me permet de contribuer financièrement et de soulager un peu le fardeau de mes parents. »

Les cannes à sucre vendues à Gitega sont cultivées dans les marais de Gasunu, et d’autres sont importées de la province de Rutana. Au moins 60 % de la population des collines de Gasunu et des quartiers Magarama et Bwoga de la commune et de la province de Gitega pratique cette activité de commercialisation de la canne à sucre pendant cette période. La canne à sucre est une culture qui est à la base du tissu socio-économique des familles à Gitega.

« Cela me donne également une occasion de socialiser avec d’autres personnes de ma communauté et de développer mes compétences en communication et en entrepreneuriat », ajoute Anitha.

Un travail lucratif, mais difficile et épuisant

Pour ces femmes et ces enfants, vendre des cannes à sucre est souvent un travail difficile et épuisant. Ils passent des heures sous le soleil brûlant à couper, éplucher et vendre les cannes à sucre aux clients. Selon Anitha Ndereyimana, un fagot de 15 cannes à sucre est acheté entre 3000 FBu et 5000 FBu et revendue en détail. Un sachet des parties épluché des cannes à sucre est vendu à 500 FBu. Ils préfèrent souvent les clients qui achètent toute la canne à sucre ou qui la divisent en deux parties ou plus, et mâchent le jus des morceaux fragmentés.

Malgré les défis, ils trouvent du réconfort dans le fait de pouvoir contribuer au bien-être de leur famille et de leur communauté.

Au marché de Mutaho, situé dans la province de Gitega, les cannes à sucre sont disponibles à la vente. Crédit Photo/ Ferdinand Mbonihankuye.

La canne à sucre est également une ressource précieuse pour les consommateurs locaux. Non seulement elle offre une douceur sucrée et rafraîchissante, mais elle est également utilisée dans la fabrication des jus  traditionnelle et des desserts populaires. Les vendeurs ambulants proposent souvent des cannes à sucre fraîchement coupées, prêtes à être dégustées sur place ou emportées pour une pause sucrée à la maison ou au travail.

Certains acheteurs choisissent d’acheter toute la canne à sucre ou de la diviser en morceaux plus petits pour mâcher le jus des morceaux fragmentés.

Cette activité de commercialisation de la canne à sucre à Gitega se pratique depuis le mois de Mars. Il s’agir d’une période spécifique de l’année où la canne à sucre est récoltée en abondance ou d’une période historique où cette activité était particulièrement répandue et répond aux besoins récréatifs des clients, jeunes et moins jeunes, qui affluent vers les stands de cannes à sucre pour savourer ce délice sucré. « Rien de tel qu’une canne à sucre fraîchement pressée pour se rafraîchir par une chaude journée », déclare un client satisfait. « C’est une tradition que j’apprécie depuis mon enfance, et je suis heureux de voir que cette pratique perdure dans notre communauté. »

Les enfants transportent les fagots de canne à sucre sur leur tête vers les lieux de vente. Crédit photo : Ferdinand Mbonihankuye

La canne à sucre à Gitega : Un mode de vie plus qu’un simple commerce

Aline partage cet optimisme. « Bien que cela puisse être difficile parfois, je suis reconnaissante d’avoir cette opportunité », dit-elle. « Cela m’aide à développer des compétences précieuses qui me seront utiles dans le futur. » Le développement de compétences est un aspect crucial pour la croissance personnelle et professionnelle. Pour elle, cette expérience lui permet de cultiver un ensemble de compétences qui seront inestimables pour son avenir. Parmi ces compétences figurent le leadership, la résolution de problèmes, la prise de décision, la communication efficace, la gestion du temps, le travail d’équipe, l’adaptabilité, la pensée critique, la créativité et l’innovation. Ces compétences sont universellement reconnues comme étant essentielles pour réussir dans divers domaines professionnels et personnels. En développant ces compétences dès maintenant, elle se prépare à relever avec succès les défis futurs qui se présenteront sur son chemin.

Cependant, le commerce de la canne à sucre présente également des défis pour la santé publique. Certains vendeurs utilisent des méthodes peu hygiéniques pour couper et manipuler les cannes à sucre, ce qui peut entraîner des risques de contamination bactérienne. De plus, la consommation excessive de sucre peut contribuer à des problèmes de santé tels que le diabète et l’obésité, ce qui soulève des préoccupations en matière de bien-être dans la communauté.

Malgré ces défis, la vente de cannes à sucre reste une activité économique importante pour de nombreuses familles à Gitega. Elle offre non seulement un moyen de subsistance, mais aussi une connexion profonde avec la culture et les traditions locales. Pour Anitha, Aline et tant d’autres, vendre des cannes à sucre est bien plus qu’un simple commerce ; c’est un mode de vie qui les relie à leur communauté et leur permet de poursuivre leurs rêves d’un avenir meilleur.

Par Ferdinand Mbonohankuye

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ijambo

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